Il est primordial de bien gérer sa ventilation dans toute activité sportive. C'est encore plus vrai dans l'aviron. Quelques précisions... Docteur Michel BRIGNOT - Pneumologue - Médecin du Sport “Le secret de la longévité, c’est de continuer à respirer.“ Bruce Lansky D’un point de vue strictement physiologique, la ventilation représente l’ensemble des mécanismes qui permettent d’amener l’air dans les poumons et de le rejeter au dehors au contraire de la respiration qui, stricto sensu, est l’ensemble des étapes mises en jeu pour apporter l’oxygène aux cellules et en débarrasser le dioxyde de carbone. Malheureusement, dans le langage courant, le mot respiration a abusivement pris le pas sur celui de ventilation. Mon propos sera ici purement médical et s’écartera évidemment un peu de celui de Charles Imbert et de ses collègues entraîneurs nationaux qui avaient écrit sur Respiration et Aviron en 2005 (1) en faisant surtout une analyse technique de cette question. Mais il sera toutefois intéressant de se référer à cet article qui apportait des éléments d’information pertinents et éclairants sur le sujet. Dans toute pratique sportive, l’organisme est soumis à des contraintes d’intensité et de durée de l’exercice qui nécessitent un apport accru d’oxygène au niveau des tissus nécessitant donc des adaptations. Le corps humain fonctionne en effet essentiellement en atmosphère aérobie c’est à dire dans laquelle on trouve surtout de l’air dont l’oxygène qui représente 21% du mélange gazeux que nous respirons habituellement. Ca n’est que dans des circonstances très particulières (effort très court et explosif ou effort très long et épuisant) que notre organisme va devoir fonctionner en se passant d’oxygène et en utilisant d’autres ressources mais dans des conditions très inconfortables. Pour optimiser l’alimentation en oxygène et donc la consommation d’oxygène de son organisme lors d’un effort, le sportif doit adapter ses apports par le biais de sa ventilation. C’est par le jeu des muscles inspirateurs (essentiellement le diaphragme) et des muscles expirateurs (dont les abdominaux) que le sujet peut contrôler la fréquence de sa respiration et les volumes d’air qu’il va inspirer ou expirer lors de chaque cycle. Le débit ventilatoire (VE) est en fait le produit du volume courant VT (volume d’air mobilisé entre une inspiration et une expiration normale) et de la fréquence respiratoire FR (nombre de cycles respiratoires par minute). VE : VT X FR (2) Si l’on peut encore aisément ventiler par le nez au repos ou lors d’un exercice de faible intensité, il en est tout autrement lors d’exercices longs ou intenses où la ventilation ne se fait plus que par la bouche. Inévitablement, cette ventilation d’exercice, qui est en fait une hyperventilation d’exercice, va se trouver limitée par la fréquence respiratoire qui devient trop élevée et ingérable et par l’augmentation potentielle du volume courant qui devient incompatible avec les possibilités de contraction élastique des muscles respiratoires. Et l’essoufflement survient, perçu par le sportif comme une difficulté supplémentaire à gérer en plus des douleurs musculaires ou du stress relatif à la compétition. Cette situation est quasi systématique dans la pratique de l’aviron qui est un sport à haute sollicitation cardio-circulatoire et ventilatoire. Comme l’avaient si bien décrit Charles Imbert et ses collaborateurs, il existe un mode ventilatoire qui correspond parfaitement à la technique de l’aviron, à la position assise du rameur et aux différents temps du coup d’aviron. Même si ce mode ventilatoire est relativement intuitif chez la plupart des rameurs, car perçu comme la “seule façon de respirer qui permette de ramer confortablement“, il est plus difficilement applicable par quelques-uns à qui il faut expliquer les choses et proposer une forme d’éducation ventilatoire. Mais l’essoufflement chez le sportif en général et le rameur en particulier peut aussi exprimer des situations moins physiologiques voire totalement pathologiques à côté desquelles l’entraîneur et le médecin du sport ne devront pas passer. Elles sont décrites ci-dessous :
Quelques conseils pratiques et simples :
Références bibliographiques : 1. Charles Imbert, Bruno Boucher et Samuel Barathay – Respiration et Aviron – Revue des entraîneurs – N°24 – pages 25 à 33 2. Wilmore et Costill : Physiologie du sport et de l’exercice – De Boeck Université 3. Agence Française de Lutte contre le Dopage AFLD – https://www.afld.fr/ Auteur : Michel BRIGNOT
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Avril 2017
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