Les menaces sournoises du rameur ou la malchance n’est pas toujours une fatalité
Docteur Michel BRIGNOT - Médecine et Traumatologie du Sport Histoires véridiques de quelques rameurs malchanceux : 1. Un rameur sénior, compétiteur de haut niveau, membre de l’équipe de France d’aviron, se coupe la dernière phalange du pouce en ouvrant des huîtres. Rien de grave. Aucune lésion tendineuse. Le bilan conclut juste à une plaie cutanée profonde, non infectée, qui tarde un peu à cicatriser et qui le gêne pour ramer pendant quelques jours… 2. Lors d’un stage préparatoire de l’équipe de France d’aviron, quelques semaines avant les JO de Pékin, ce rameur PL se fait renverser par une voiture alors qu’il fait une séance de réveil musculaire en bicyclette sur route. Le bilan traumatologique est rassurant de prime abord. Quelques mois plus tard, un nouveau bilan radiographique retrouve un cal osseux permettant de porter tardivement et rétrospectivement le diagnostic de fracture consolidée avec laquelle il a ramé plus ou moins heureusement à Pékin... 3. Ce jeune rameur de bon niveau national, âgé de18 ans, roule sur une piste cyclable. Il est renversé par un autre cycliste qui roule à contre-sens sur la même voie que lui. Le bilan initial conclut à une fracture spiroïde non déplacée de la diaphyse du 3ème métacarpien de la main gauche. Le traitement est orthopédique mais le délai de consolidation de 6 semaines compromet sa participation aux championnats de France 4. Il s’agit d’un rameur TC de haut niveau, confirmé, membre de l’équipe de France d’aviron, ayant déjà un palmarès élogieux. Le matin-même d’une compétition (championnat de zone), il glisse dans un escalier humide. En tentant de se rétablir, il ressent une violente douleur lombaire irradiant dans la fesse. Lors de sa finale, quelques heures plus tard, il termine difficilement sa course à la 4ème place. Il déclare : “au finale, je termine 4ème et me suis arrêté à 100 mètres de l'arrivée, dos en vrac et mains charcutées. Il est vraiment des jours où il faut savoir prendre les bonnes décisions et aujourd’hui, j’aurais dû rester au chaud et me faire soigner“. Le bilan médical, effectué quelques jours plus tard, conclut à une protrusion discale nécessitant un repos sportif, des soins appropriés et rendant délicate la préparation des championnats de France imminents 5. Il s’agit enfin d’une jeune rameuse, membre de l’équipe de France d’aviron U23, possédant déjà un palmarès éloquent au niveau national et international. Lors d’un déplacement à bicyclette entre son domicile et son pôle d’entraînement, elle a été heurtée par une voiture. Suite à une chute sur la main droite en hyperextension et à une douleur persistante et peu invalidante du bord interne du poignet, le bilan radiologique (IRM à J12) a finalement confirmé la fracture du tubercule dorsal du triquétrum droit. La reprise du bateau a été possible rapidement avec une immobilisation conseillée sur attelle pendant 6 semaines. Le bilan aurait pu être plus lourd… Quels rapports entre toutes ces observations de blessures survenues chez des rameurs compétiteurs ? Elles sont toutes survenues en dehors de la pratique sportive de l’aviron, soit lors d’activités physiques qu’on peut qualifier d’annexes (ici, réveil musculaire à bicyclette) mais le plus souvent lors d’activités quotidiennes généralement banales comme le fait de se déplacer à bicyclette, d’ouvrir des huîtres ou de monter un escalier. Dans sa pratique sportive, le rameur compétiteur pratique bien sûr surtout l’aviron, qui reste sa discipline principale et constitue donc largement la base de sa préparation, mais il complète aussi son entraînement en se livrant à d’autres activités physiques sportives tels, entre autres, la course à pied, le cyclisme, la musculation ou la natation. Sans compter également le risque quotidien d’accident lors des activités courantes ou lors des déplacements sur la voie publique. Et il existe malheureusement toujours un risque de blessures dans ces activités annexes. Elles risquent alors d’hypothéquer lourdement la saison du rameur lorsqu’elles touchent un organe sensible et primordial dans la bonne gestion technique de l’aviron, réduisant alors à néant toute chance de succès, de victoire ou de médaille. Si une plaie superficielle du cuir chevelu se révèle sans conséquence pour le rameur dans sa pratique sportive, on conçoit aisément qu’un traumatisme de la main ou du pied aura des conséquences beaucoup plus fâcheuses pour lui. Bien sûr, il serait utopique, et même invivable pour le sportif, de compter tout prévoir et éviter tous les accidents. Toutefois, quelques règles simples peuvent tout de même être proposées dans la gestion des activités physiques annexes à l’aviron ou de façon plus générale dans la prévention de tout risque physique au quotidien, surtout à l’approche des compétitions ou en pleine période de compétitions :
Bref, rien de très original dans ces règles qui ne relèvent souvent que du bon sens… Bien sûr, ces conseils n’ont rien d’exhaustifs puisqu’ils n’ont été élaborés qu’à partir de quelques situations concrètes. Il faut simplement saisir l’esprit de cet article dont le message pourrait se résumer comme-suit. Eviter dans la mesure du possible ou se méfier de tout ce qui peut être préjudiciable à la préparation et à la finalisation de la compétition puisque telle est la vocation du sportif compétiteur : se préparer pour être le meilleur… Toutes ces menaces sournoises qui cernent le sportif au quotidien…
Auteur : Michel BRIGNOT
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Avril 2017
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